Événement parallèle de la première commission : "Campagne du Secrétaire général sur le désarmement humanitaire et la lutte contre les mines"

Le 22 octobre, le Bureau des affaires de désarmement des Nations unies (UNODA) et le Département des opérations de paix (DPO)/Service de lutte antimines des Nations unies (UNMAS) ont organisé conjointement un événement parallèle en marge de la Première Commission et de la Quatrième Commission de l'Assemblée générale des Nations unies afin d'amplifier la campagne du Secrétaire général sur le désarmement humanitaire et la lutte antimines. L'événement a rassemblé des représentants de 46 États membres et des acteurs clés de l'ensemble du système des Nations unies et de la société civile.

L'événement parallèle a mis l'accent sur la convergence stratégique des idées tirées des rapports du Secrétaire général sur la lutte contre les mines, sur la protection des civils et sur le rééquilibrage des dépenses militaires. Il a constitué un forum de dialogue sur l'intersection de la lutte contre les mines, du désarmement humanitaire, de la protection des civils et des dépenses militaires.

M. Jean-Pierre Lacroix, secrétaire général adjoint aux opérations de paix, a ouvert l'événement en soulignant le rôle important de la lutte contre les mines et du désarmement humanitaire dans le maintien de la paix et la protection des civils. M. Lacroix a souligné que les dépenses militaires mondiales atteindraient 2 700 milliards de dollars en 2024, détournant les ressources de la prévention, du redressement et du développement durable, alors que les civils continuent de subir le poids des conflits, notamment à cause des armes explosives dans les zones peuplées. Il a souligné que la lutte contre les mines est un investissement stratégique dans la résilience, la stabilité et le redressement, qui permet de traduire la vision du Secrétaire général en matière de désarmement en résultats tangibles et susceptibles de sauver des vies. Il s'est également fait l'écho des préoccupations exprimées par le Secrétaire général concernant le retrait récent d'un certain nombre d'États parties de la Convention sur l'interdiction des mines antipersonnel et de la Convention sur les armes à sous-munitions, et a exhorté les États à maintenir leur engagement.

Crédits : Tiantian Gong (de gauche à droite) M. Jean-Pierre Lacroix, Secrétaire général adjoint aux opérations de paix, M. Ade Ebo, directeur et adjoint du Haut représentant pour les affaires de désarmement, ODA, et Mme Rita Gunaryati Lubis, directrice adjointe, UNMAS, M. Aurélien Buffler, chef de la section des politiques, des normes et des valeurs, OCHA.

Crédits : Tiantian Gong

Le panel était composé de M. Adedeji Ebo (ODA), Mme Rita Gunaryati Lubis (UNMAS), et M. Aurelien Buffler (OCHA).

M. Adedeji Ebo, directeur et adjoint du haut représentant pour les affaires de désarmement, s'est dit préoccupé par la pression croissante exercée sur le cadre juridique mondial qui protège les civils des armes aveugles depuis des décennies. Il a souligné que "les dépenses militaires ne suffisent pas à assurer une sécurité durable", rappelant l'article 26 de la Charte des Nations unies et soulignant la nécessité d'investir dans les personnes, les droits de l'homme et les institutions. Il a averti que la poursuite de l'utilisation, du développement et du stockage d'armes inhumaines n'est pas compatible avec la conscience de l'humanité et s'est fait l'écho de l'appel à la campagne du Secrétaire général en faveur d'engagements renouvelés, de partenariats plus solides et d'actions concrètes, en particulier avant la prochaine réunion des États parties à la Convention sur l'interdiction des mines antipersonnel.

Mme Rita Gunaryati Lubis, directrice adjointe de l'UNMAS, a souligné le besoin croissant de lutte contre les mines en raison de la multiplication des conflits dans le monde et de la contamination par des engins explosifs dans plus de 57 pays et territoires. Elle a souligné que , bien que la lutte contre les mines puisse sembler technique et complexe, il s'agit au fond d 'une "entreprise centrée sur les personnes" pour sauver des vies, permettre l'accès à l'aide humanitaire et soutenir le développement. Elle a appelé à un soutien financier accru et à une meilleure localisation des efforts de lutte contre les mines.

M. Aurélien Buffler, chef de la section "Politiques, normes et valeurs" à l'OCHA, a souligné les dommages graves et à long terme ainsi que l'impact dévastateur des armes explosives sur les civils dans les conflits en cours, tels que ceux de Gaza et du Soudan. Il a exhorté les États membres à approuver et à mettre en œuvre la déclaration politique sur les armes explosives dans les zones peuplées, afin de faire face aux menaces émergentes telles que les systèmes d'armes autonomes, tout en renforçant les protections juridiques et les normes humanitaires, et en renforçant la protection des civils.

Le débat et les questions-réponses qui ont suivi ont mis en évidence l'inquiétude générale suscitée par les retraits récents de traités clés en matière de désarmement humanitaire et par l'écart croissant entre l'augmentation des dépenses militaires et la diminution du soutien à la lutte contre les mines et aux efforts humanitaires qui en découlent. Les délégations ont souligné la nécessité de renforcer les partenariats politiques, de préserver les normes et les traités existants et de renforcer la protection des civils. Plusieurs interventions ont souligné les expériences nationales en matière de contamination, l'intégration de la lutte contre les mines dans les stratégies de développement et le rôle essentiel de la société civile dans l'élaboration et le maintien du cadre normatif. Les participants ont également souligné les conséquences humanitaires plus larges des armes, réaffirmé leur soutien, financier et opérationnel, à la lutte contre les mines dans les régions touchées, et insisté sur le fait qu'une réaffectation, même minime, des budgets militaires mondiaux pourrait atténuer les crises humanitaires actuelles.

En réponse, les intervenants ont souligné la nécessité de renforcer le contrôle et la transparence des budgets militaires et ont réitéré que l'action antimines reste essentielle pour l'accès humanitaire. Ils ont également souligné l'importance de sauvegarder et de faire respecter les normes et les traités de désarmement humanitaire établis, tout en augmentant l'impact de l'action antimines par le biais d'une programmation intégrée avec les partenaires humanitaires.

En conclusion, Mme Mélanie Regimbal, chef du service de Genève de l'UNODA, a souligné que les instruments de désarmement humanitaire existants étaient des outils permettant de "fournir des solutions avec des résultats avérés" pour sauver des vies et faire progresser la paix, la sécurité et les droits de l'homme. Elle a exhorté les États à respecter et à renforcer ces conventions et à travailler collectivement pour mieux relier le désarmement à l'agenda humanitaire.